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25 mai 2011 3 25 /05 /mai /2011 00:19

The Lars Von Trier Last Frontier.


Après un an et un mois dans ce beau pays, j’ai pris une carte, j’ai gribouillé dessus les endroits où j’étais allée, et ça a donné ça :

 

Kenya-copie-1.png

En gros, j’ai plutôt pas mal baroudé, non ? Si on y regarde de plus près, il me manque juste un petit bout du nord de la côte kenyane, les frontières du nord et de l’est (qui ne sont pas spécialement supra recommandées), et enfin, l’Ouest Kenyan.


Et c’est comme ça qu’on s’est dit avec Clochette, let’s go girls, cap plein Ouest mon capitaine. Comme on est des grandes filles qui savent faire semblant de parler kiswahili et tout et tout, on a opté pour le voyage « Routard », pour changer.


L’aventure commence dans un bus, tôt un dimanche matin. Un gros bus avec pour destination Kisumu, trois ou quatrième plus grosse ville du pays, au bord du lac Victoria. Après une petite nuit, on dort sur une bonne partie du trajet (pas loin de 8 heures de route). Comme toujours au Kenya, les paysages changent énormément à 100 km d’intervalle. Pour la première fois, on remonte sur l’autre côté de la vallée du Rift ! Plus loin, aux alentours de Kericho, c’est le pays du thé. C’est très beau, des plantations immenses, des collines d’un vert lumineux. J’aurai bien pris des photos, mais c’est à ce moment là qu’un vrai déluge s’abat sur nous. Terreur. Mesdames, messieurs, de la grêle. De grosses billes de glace font un boucan d’enfer sur la tôle du bus. C’est quoi cette arnaque, depuis quand il grêle sur l’équateur ?!!

 

théJe  repique cette vue des plantations de thé de Kericho, prise du ciel par Yan Arthus Bertrand


Heureusement, on a pu atteindre Kisumu sans incident, et sous le soleil. L’idée en débarquant à Kisumu, c’était essentiellement de voir le lac Victoria. Parce que comme on a pu très vite le vérifier, il n’y a absolument rien à faire dans le coin, le tourisme ne s’y est pas développé pour l’instant. C’est probablement la raison pour laquelle, seules blanches à débarquer en ville, on se fait assaillir par les bodas-bodas à l’arrivée à la station de bus. Qu’est ce qu’un boda-boda ? C’est un vélo taxi, et il y en a plein dans la région ! Pour quelques shillings, on peut se faire déposer où on veut. Comme on ne sait pas exactement où se trouve notre hôtel, on décide de tenter l’expérience, nous et nos gros sacs à dos de routardes. Et on est impressionnées par la stabilité des vélos et les mollets de leurs propriétaires !

 

CIMG3025.JPGBoda-boda


Plus tard, on se balade dans le centre, du côté du marché. Je ne sais pas si c’est que la ville est plus « peace », ou si c’est qu’on commence à dégager de l’assurance de « white kenyans », mais on a presque la sensation de passer inaperçues. Rien à voir avec l’atmosphère oppressante du marché de Mombasa telle que je l’ai eu avec mes parents la semaine précédente…

 

CIMG3021.JPGTuk-tuk dans Kisumu


Le lendemain, on retrouve un copain d’un collègue, qui doit nous emmener voir le lac. C’est le plus grand d’Afrique, et la source principale du Nil ! Il parait qu’il vaut le mieux le voir d’Ouganda ou de Tanzanie. Mais c’est déjà impressionnant d’ici. On rejoint ensuite notre étape suivante : Kakamega Forest , dernier vestige kenyan d’une forêt primaire qui s’étendait jadis jusqu’au Congo. Elle gagnerait à être plus connue, parce qu’en plus d’avoir un nom à même de faire sourire les français, elle abrite un grand nombre d’espèces végétales et animales rares, et en particulier beaucoup de singes et d’oiseaux tropicaux.

 

P1050247.JPGKisumu, au bord du lac Victoria

 

P1050253.JPGLac Victoria


 Après avoir discuté avec les guides locaux pour organiser notre rando du lendemain, on dépose nos sacs dans une maison sur pilotis pour y passer la nuit. Clochette, qui ne se sentait déjà pas bien le matin, se met au lit en espérant que quelques heures de sommeil la requinquent. Pendant ce temps, je pars dans la forêt, mais pas trop loin, parce que je ne suis pas sûre à 100% qu’il n’y ait pas de léopard… Beaucoup de bruissements qui me font jeter des regards prudents aux alentours, mais, ouf, ce sont uniquement des singes qui sautent d’arbre en arbre à proximité du sentier. Je retrouve Clochette qui m’inquiète un peu, et qui n’a pas assez la forme pour venir manger avec moi… Je prends donc la direction de la cantine locale,  dans le noir bien sûr, car l’électricité n’arrive pas jusqu’ici. Je mange dans cette cabane en ayant l’impression d’être hors du temps. Sur le banc en face de moi, deux poules m’observent manger ma cuisse de poulet, à la lueur de la lampe tempête. Mon hôte kenyane n’est pas très bavarde. Tout est calme. Je me dis qu’il y a moins d’une centaine d’année, la campagne française vivait à ce rythme là aussi, où les activités cessent doucement quand il fait nuit. D’ailleurs, il se fait tard, j’emporte la part de Clochette, et je prends la direction de notre maison. Seule sur ce chemin dans la forêt, à peine éclairé par ma lampe tempête, je ne fais pas trop ma fière ! Clochette ne va pas mieux. Dans le genre « Je teste les limites de la loi de Murphy », elle ne se défend pas mal ! Tomber malade juste la semaine de ses vacances, et pile poil quand on est au fin fond de la forêt, sans électricité et sans réseau de téléphone, youpi youpla. Si ça ne s’arrange pas, il y a toujours un dispensaire juste à côté, et au pire, il y a toujours l’option Flying Doctors, mais bon, pas glop pas glop. Or, on est censées partir en randonnée à 5h du matin… A ce moment là, je ne donne pas cher de l’expédition…


Mais, tadammm, retournement de situation, à 4h30 du matin, à peine le réveil éteint, Clochette saute littéralement dans ses chaussures de rando, j’en suis sur le cul estomaquée. Et c’est parti pour une marche de nuit, dans la forêt toujours aussi obscure et bruissante, mais accompagnées d’une guide cette fois. Objectif : grimper sur une colline pour y admirer le lever de soleil sur la forêt équatoriale.


Et ça vaut définitivement son pesant de cacahouètes. Au sommet de cette colline, on a la sensation d’être sur un îlot au beau milieu de la forêt, perdues au bout du monde. Des nappes de brume surplombent les frondaisons : c’est l’évapo-transpiration. C’est beau ! Le ciel change de teinte, rose, jaune, bleu. On a bien fait de se lever aussi tôt !

 

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Comme Clochette tient le coup, en bonne warrior qu’elle est, on décide de s’en tenir au programme initial et de continuer la rando « longue ». Direction la rivière Yala, qui traverse la forêt. On croise plein de singes! Huit heures de rando plus tard, retour au camp, un peu mal aux pieds quand même. Juste à temps : une énorme averse nous oblige à rester à l’intérieur. Tant mieux, on fait la sieste, car on a rendez-vous à 16h avec un ami de Kosi qui doit nous emmener à Eldoret.

 

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Red tailed colobus je crois...


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Et là, la loi de Murphy continue de s’acharner sur nous. Le jeune en question n’avait absolument rien compris, et il est venu la fleur au fusil, sans voiture. A l’Ouest complet, kenyan way. Vite vite, trouver un plan de rechange. On se débrouille pour rejoindre Kakamega, la ville la plus proche, en voiture, mais on n’a pas le budget d’aller jusqu’à Eldoret comme ça. Heureusement, il y a des matatus qui font la liaison Kakamega-Eldoret… On en choisi un « de luxe », celui où on est supposés avoir une place par personne. La blague, on est 14 pour 9 places. Rien à voir ceci dit avec le matatu plus « cheap » à côté, qui accueille une trentaine de personnes pour 14 places assises. Ahahah, this is africa ! Le temps que le matatu se remplisse, il fait presque nuit, et il commence à pleuvoir, alors qu’on en a pour 2 heures de route. C’est ça, Léa, t’as tout bon, matatu de nuit, sous la pluie, sur une route pourrie… et en plus ça te fait rire ? Espèce d’inconsciente va. Mais c’est ça qui est bon aussi. C’est l’aventure…


A Eldoret, c’est Kosi, notre copine kalenjin, qui nous récupère. Ouf ! Elle s’y est installée il y a 6 mois, et c’est quand on a décidé de lui rendre visite qu’on s’est dit qu’on pourrait en profiter pour voir l’Ouest en passant par Kisumu et Kakamega. Les deux jours suivants, elle s’occupe bien de nous ; ça ouvre toujours plus de possibilités de vadrouiller avec des kenyans. On se balade dans Eldoret, qui n’est pas vraiment plus intéressante que Kisumu, mais où on a l’occasion d’aller danser. Au programme aussi, une virée en matatu qui nous emmène au bord de la vallée du rift. Près du village d’Iten, il y a un point de vue fantastique, à mon avis meilleur que celui de la route de Naivasha. C’est vraiment impressionnant !


 

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La Rift Valley au Kerio View Point, près d'Iten


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Et il est déjà temps de revenir à Nairobi.


Je n’ai plus que 72 heures à passer au Kenya…

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18 mai 2011 3 18 /05 /mai /2011 17:07

Après un an de Kenya, je n’avais toujours pas fait THE parc incontournable, le Masaï Mara. Celui des documentaires Arte, le seul où on puisse voir les « Big Five », proies préférées des chasseurs au temps où les safaris ne se faisaient pas avec un appareil photo : Lion, Elephant, Buffle, Rhinocéros et Léopard.


Comme mes parents ont décidé de venir voir à quoi ça ressemblait là où je vivais, j’ai placé ça sur la IT-list des trucs à faire, entre marcher au milieu des girafes à Naivasha et bronzer au bord de l’Océan indien.


Le Masaï Mara, il se trouve là, dans le prolongement du grand parc du Serengeti en Tanzanie.

masai-mara.gif

Et aussi étonnant que cela paraisse, la route pour y aller est vraiment infâme (même si elle ne rivalise pas avec celle de Loyangalani-Baragoi-Maralal). Alors que c’est la première attraction du pays !


La plus grande affluence est en juillet-août, à cause de la grande migration des gnous : ils traversent la rivière Mara en quête d’herbe plus verte au Kenya qu’en Tanzanie, et au passage un certain nombre finit dans la gueule des crocos ! En mai, c’est encore la saison des pluies. Mais ça a ses avantages de faire le Mara à ce moment là !


1/ Le parc est d’un vert lumineux, au lieu d’être brûlé par le soleil:


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2/ Il y a plein de bébés animaux partout! (c'est trop mignoooooon et je défie quiconque de ne pas gagatiser devant tous ces ptits bouts telle une collégienne devant Justin Bieber)


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3/ La lumière est fantastique, y compris sous ciel d’orage


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4/ Un arc en ciel sur la savane, c’est magique


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5/ Il n’y a pas 70 vans de safaris devant les groupes de lions


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Le Masaï Mara n’est pas géré par KWS, mais par la communauté masaï locale. Même comme ça, ce n’est pas toujours facile pour les tribus de conserver leurs terres.


Alors, sinon, qu’est ce que ça vaut, le Mara, par rapport à tous les parcs que j’ai pu voir avant ? Le paysage est magnifique, mais c’est aussi vrai à Amboseli, écrin du Kilimandjaro, et à Tsavo Ouest, les Greens Hills d’hemingway. Par contre, je n’ai jamais été aussi près des animaux qu’ici, très probablement parce que la notion de « piste » est beaucoup plus floue : on peut donc s’approcher beaucoup plus qu’ailleurs. C’est comme ça qu’on s’est retrouvé entourés d’une quinzaine de lions, dont certains à un mètre à peine du van de safari. Drôlement impressionnant.


Flash info Savane people :

24h dans la vie de la famille King !


Une jeune lionne s’est retirée à l’écart de la vie publique lionnesque pour protéger sa progéniture :

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Dans une vallée voisine, il fait faim. Les lionnes sont sur le qui-vive. Trois mâles font partie de la bande, dont un seul dominant. Ils se battent régulièrement pour tenter de renverser le rapport de force et de récupérer le harem (et accessoirement l’accès prioritaire au repas, gracieusement fourni par les femelles). C’est pas de la gnognotte, ils ont de grandes balafres sanglantes toutes fraiches. C’est vraiment incroyable de pouvoir les approcher d’aussi près !


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Le lendemain, ils sont toujours dans les parages. Les lionnes ont attrapé un énorme buffle qui doit bien peser 700 kg, et c’est le festin. Après les lions, viennent les femelles dominantes, puis les lionceaux. Un repas comme celui là leur suffit pour une semaine entière, même pour la quinzaine de lions !

 

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A l’aube suivante, il ne reste que la carcasse, que se disputent les vautours et les chacals (quoi, on dit des chacaux ?). Repus, les lions digèrent, incapables de bouger. Ils paraissent moins dangereux comme ça. Demain, ils changeront d’endroit, jusqu’à la prochaine chasse.

Les troupeaux de gazelles et de zèbres peuplent les plaines à l’est du parc, où ils peuvent voir venir les prédateurs. C’est un spectacle d’aube du monde…

 

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Autre rencontre à couper le souffle, et on est les premiers sur les lieux : deux guépards, à quelques mètres du bord de la piste, et qui se lancent dans une course que l’on a la chance de suivre pendant de longues minutes ! On espère assister à une chasse, mais les topis montrent les cornes, et se mettent même à poursuivre le guépard (c’est le monde à l’envers).

 

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On aperçoit aussi fugacement des rhinocéros, très timides et difficiles à débusquer. Le temps est à l’orage, mais on reste à distance du front de pluie. Un véritable toit de nuages pèse dans le ciel. Quelques hardes d’éléphants fuient la pluie ; ils sont moins nombreux qu’à Amboseli.

 

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Et toujours cette impression d’immensité, qui caractérise le Kenya dès que l’on sort de Nairobi… Des espaces vierges à perte de vue...


J’en suis nostalgique avant l’heure !

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13 mai 2011 5 13 /05 /mai /2011 10:35

*Où en étais-je ? Il faut dire que depuis le dernier article j’ai encore fait 2500 km et des brouettes. (l’air de rien, comment se la péter « je suis grave une routarde » excuser un retard dans la rédaction des posts…)


Ah si. Il y avait un problème avec le moteur en plein désert de Chalbi. Cool raoul, on a juste eu le temps de vérifier qu’il n’y avait pas de bande de somaliens à AK47 dans le coin d’admirer la vue du haut du toit de la voiture, avant de repartir sur les chapeaux de roue. Un peu trop à notre goût d’ailleurs : la Jeep fonce à une allure d’enfer, en soulevant des nuages de poussière de 2 mètres de haut, tandis qu’à l’intérieur on rebondit dans tous les sens. Enfin, Gabriel ralentit, et nous dit « Ouf, c’est bon, on est sortis d’affaire, jusque là je devais aller très vite sinon on risquait de s’ensabler et de rester coincés » (…aha <- rire jaune)

 

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I've been through the desert on a horse with no name...


A partir de là, la piste devient meilleure. Soleil de plomb, désert à perte de vue, et mirages à foison: on croit apercevoir des lacs au loin. Quelques heures plus tard, des palmiers apparaissent : c’est Kalacha, un campement/village perdu au bout du monde.

 

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A Kalacha, pas de maisons en dur, seulement des huttes arrondies. Pas d’électricité, mais quelques puits qui fournissent de l’eau de bonne qualité. On dépose nos sacs dans un camp qui dispose d’un panneau solaire, le luxe. Et on comate, en attendant que la chaleur tombe, avant de partir en expédition dans les environs. On se balade dans Kalacha, un peu mal à l’aise : les gens sont distants, voire même hostiles. Il faut dire que la vie est difficile dans ce coin là, exposé aux famines et aux tensions frontalières (et accessoirement, un seul de nos appareils photos doit valoir plus que les revenus annuels d’un des habitants, voire de tout le village…).  Malgré tout, on continue jusqu’à l’Eglise, peinte de couleurs vives, et on y découvre que Jésus est noir, par ici.

 

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Sur le retour, des gamins rient et ne s’enfuient pas, contrairement aux autres ; ils nous invitent même à entrer chez eux ! Le problème, c’est que la maman ne parle pas anglais, et pas kiswahili non plus. Elle appelle une de ses filles pour faire la traduction du kiswahili en rendille, le dialecte de leur tribu. Mais ça reste difficile de communiquer. On finit par reprendre la direction du camp. Sur le chemin, toujours des regards méfiants, jusqu’à ce qu’un ballon nous arrive dans les pattes : une trentaine de gamins de 7 à 10 ans jouent au foot. Spontanément, on rejoint le groupe, et le match se transforme rapidement en compétition Gamins de Kalacha contre les Wazungus ! On crache nos poumons, parce qu’à 4 contre 30, c’est sportif. Mais on rigole bien, les gosses sont à fond. Ça me ferait presque revenir sur mon opinion du football, sur le thème « moyen de partage, de communication universelle, blablabla finalement c’est peut-être un peu plus qu’un sport de beaufs ». Enfin, ça c’est jusqu’à ce qu’on décide de rendre les armes, après s’être vaillamment défendus (2-5 or so), et qu’au moment de partir… une seule gamine sur le bord a l’idée lumineuse de nous demander « Gimme money, gimme money ». Illico presto on a une cinquantaine d’enfants sur le dos, c’est ingérable, et alors qu’on explique qu’on n’a rien sur nous, et qu’on doit y aller, bam dans ta gueule, on se fait caillasser. A coup de graviers, ok, mais ça fait mal au cul cœur alors qu’on vient de passer une demi-heure à jouer en toute bonne humeur. Retour de flamme sur certaines réalités de l’Afrique, (le monde des bisounours n’existe pas, et d’abord, toi espèce de blanc privilégié, tu crois quoi quand tu arrives la bouche en cœur comme ça, et qu’est ce que tu peux bien connaitre de la pauvreté?).

 

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Lundi, il est temps de dire au revoir à Kalacha (sans regrets), pour poursuivre notre route dans le désert. Prochaine étape : le lac Turkana ! Sur la piste, on croise quelques troupeaux de chameaux ; le sol de terre séchée devient progressivement rocailleux, à cause des roches volcaniques. La route est dégueu, à ce moment là, je pense que c’est probablement la pire partie du voyage (que nenni jeune naïve, que nenni). Ça grimpe, et ça secoue aussi beaucoup.

 

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Et soudain, au détour d’un virage, une gigantesque étendue d’eau turquoise. Comme ça, sortie de nulle part au milieu du désert, entre quelques petites montagnes. Magnifique. C’est d’ailleurs le plus grand lac au monde qui soit au milieu d’une zone aride.

 

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On longe le lac jusqu’à Loyangalani, seule « ville » du coin (là aussi, pas d’électricité, et uniquement des huttes légères). Il y a surtout deux tribus qui vivent dans le coin : les Turkanas, et les Elmolos. Les femmes Turkanas s’habillent de vêtements très colorés, et portent des colliers de perles superposés. Les Elmolos constituent la plus petite tribu kenyane : ils sont à peine une centaine (avec pourtant leur langue propre)!

 

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Le camp où on s’installe est à faire peur à une parisienne  vraiment rudimentaire. Hum, au vu des chiens qui rentrent dans nos huttes, du ruisseau très douteux qui traverse au milieu, et surtout, des chauves-souris qui volent dans la fosse qui fait office de toilettes, pas de doute, on a choisi l’option routard +++. En vrai, je vais casser le mythe des aventuriers qui n’ont pas froid aux yeux, mais les chauves-souris furent la goutte qui fit déborder la fosse sceptique. C’est comme ça qu’on a atterri dans un autre camp, deux « rues » plus loin, qui avait, ô joie, de vraies douches et de vrais WC (éléments que nous n’avions pas depuis le début du voyage, je vous le rappelle). A tel point que Po s’est retenue d’embrasser le gérant, submergée de bonheur en découvrant lesdits sanitaires.


Entre temps, on s’était aventurés au bord du lac, en croisant sur le chemin nombre de gamins. Contrairement à ceux de Kalacha, ils sont ravis de nous voir, viennent discuter, tiennent absolument à se faire photographier, et nous accompagnent jusqu’aux rives. Les adultes restent toujours à distance, par contre, à l’exception d’un ou deux pêcheurs rencontrés au bord du lac. Malgré la chaleur, on n’ose pas se baigner, car le lac est réputé pour être infesté de crocodiles du Nil !

 

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Programme du lendemain : réussir à atteindre South Island, une île au sud du lac (obvious, isn’t it ?), paradis des oiseaux. Il faut payer des droits au Kenyan Wildlife Service, mais c’est à  nous de trouver le bateau pour nous y rendre. C’est dans ce but que l’on rejoint un des villages ElMolo, où un des vieux pêcheurs possède un bateau à moteur. Mais le filou nous demande un prix exorbitant, à payer à l’heure. D’après lui, il faut compter 6 heures aller-retour, alors que d’après Clochette, qui l’a fait 10 mois avant, 1 heure et demi suffit largement. Baleine sous gravillon. Pour beaucoup, mzungu = pigeon, et ça commence à courir sur le haricot, à force. Après une âpre négociation, on finit par s’entendre. Sauf que, de retour au bureau de KWS, le responsable nous annonce qu’il y a beaucoup trop de vent, et qu’il est très dangereux de s’aventurer sur le lac dans ces conditions (je vous rappelle qu’il y a en plus plein de crocos dedans, comme ça, c’est cool, si tu ne finis pas noyé, tu peux finir dans l’estomac d’un saurien, c’est quand même vachement plus exotique, comme mort). 

 

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Comme ce vent-qui-rend-fou n’a pas daigné se calmer de la journée, on a décidé de balader autour du lac, et de trouver un coin où se baigner. On a fini par dégoter une crique sans danger, où des enfants pataugeaient joyeusement, et je peux donc dire fièrement « j’ai nagé dans le lac Turkana ! » (ok, je ne me suis pas aventurée bien loin… on ne sait jamais, pour les crocos…). On est restés dans le coin jusqu’au coucher du soleil, et ça valait le déplacement !

 

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Mercredi, il est temps de reprendre la route (la perspective de rester encore des heures dans la voiture n’est pas particulièrement excitante, et encore, on ne sait rien de ce qui nous attend). On embarque aussi trois étudiants kenyans venus visiter leur famille à Loyangalani et qui veulent rentrer à Nairobi (car il n’y a aucun bus qui s’aventure jusqu’au lac, juste des camions de temps en temps). Ils doivent y reprendre les cours, de droit pour l’une, d’ingénierie aéronautique pour le 2e, et de business pour le 3e.


C’est en quittant les rives du lac que les choses se corsent. La piste devient horrible, horrible, horrible. En plus, il parait que c’est la zone un peu touchy, elle a été pacifiée par l’armée kenyane, mais bon, on n’est pas à l’abri de tomber sur une bande armée. D’ailleurs, alors qu’on atteint un point de vue magnifique sur une vallée en contrebas, et qu’on aimerait bien s’arrêter pour prendre des photos :

-          Hey Gabriel, est ce qu’on peut s’arrêter ici juste deux minutes?

-          Je ne préfère pas, ce n’est pas une bonne idée de sortir de la voiture dans le coin…

-          Ah… ok…


On finit par atteindre Baragoi, un bled perdu mais qui dispose d’une station essence. Toujours pas de route goudronnée à notre grand désespoir. Et ça continue comme ça jusqu’à Maralal, où on s’arrête pour passer la nuit. Bien besoin de repos… Car l’enfer n’est pas fini. Ce n’est qu’en fin de matinée que l’on retrouve une vraie route (ahhhh l’instant où on est repassé sur du bitume, un pur bonheur). Seul arrêt digne d’être mentionné, les Thomson’s Falls, des chutes de 80 mètres de haut. On ne coupe pas aux embouteillages de Nairobi,  mais on fonce à notre restaurant italien préféré pour conclure le voyage en beauté !


*la rédaction tient à s’excuser de la longueur du post, le voyage au Turkana aurait bien mérité d’être développé en 3 ou 4 articles distincts. Mais les sujets suivants attendent déjà leur tour et je dois aussi faire mes valises, accessoirement ! Bisous les loulous !

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30 avril 2011 6 30 /04 /avril /2011 21:29

J'avais un regret cuisant ces derniers temps : n'avoir vu aucun des trois sites UNESCO du pays, à savoir le mont Kenya, l'île de Lamu, et le lac Turkana.


Et bien je peux désormais rayer ce dernier de ma liste!

 

Quelques copains avaient décidé de tenter l'aventure (une semaine de voyage, 3 jours rien que pour atteindre ledit lac,  1390 km dont une bonne partie sur piste, une traversée de désert…). J’avais un problème majeur: il me manquait trois jours de congés pour pouvoir m’y lancer ! Mais Super Boss me les a généreusement accordés (je suis d’accord, je suis pourrie gâtée), et c’est ainsi que j’ai pu vivre une de mes expériences les plus marquantes au Kenya !


L’itinéraire de cette folle équipée :


Day 1 : Nairobi-Samburu (Parc national)

Day 2 : Samburu-Marsabit

Day 3 : Marsabit-Kalacha (désert de Chalbi)

Day 4 : Kalacha-Loyangalani (lac Turkana)

Day 5: Loyangalani

Day 6: Loyangalani-Maralal

Day 7: Maralal-Nairobi

 

Itineraire-Turkana.jpg

C’était une semaine sacrément intense ! (zi va la lèrega, comment jvais raconter tout ça en 2 articles moi maintenant ?).


Donc : Road Trip, part ouane!


Fantastiques participants de cette aventure dont vous êtes le héros :


-          Po, Grande Guerrière en Chef de l’Unité de Combat Anti Kebabs

-          Dik Dik,  Dévoreur de Bouquins et Ventre Sur Pattes

-          Peau-Rouge, Grande Shamane Adoratrice du Soleil Qui Cogne

-          Moi-Même, Humble Scribouillarde en Goguette

-          Sammy, le Cuistot

-          Gaby, le Chauffeur de la Mort


Deux autres recrues étaient attendues, dont le Grand Organisateur Panophile lui-même ; lui et sa compagne furent pris dans une Embuscade de type « T’yVaPaCtrODanGereux » et durent rendre les armes : ils renoncèrent au voyage. Coup dur pour toute l’équipe.


Malgré cette amputation brutale et douloureuse de deux de ces membres, l’expédition  prit la route.


Notes de la Scribouillarde  (aka myself):


Vendredi, aurore.  La troupe s’enfuit de Nairobi, le cœur et les paupières lourdes. Dik-Dik et moi-même avons cependant des Oreillers nous permettant de gagner 3 points de repos. L’itinéraire de ce premier jour de Road Trip contourne le mont Kenya par le nord ; la zone est toujours aussi verte, mais le mont en question reste planqué dans les nuages. Le paysage s’ouvre, et nous amorçons la descente vers Isiolo, ville étrange où les chrétiens vivent à gauche de la route et les musulmans à droite (à moins que ce ne soit l’inverse ?). Enfin, alors que nos estomacs crient famine, nous atteignons le parc de Samburu.

 

Sammy accomplit sa mission à merveille, nous donnant l’énergie de partir à la découverte de la zone environnante : quelques collines lointaines, un paysage aride à l’exception d’une allée verte le long de l’Ewaso N’Giro, rivière locale. Peu d’animaux visibles dans ce lieu pourtant réputé être un véritable Eden (dixit le Routard). La faute à Pad’chance ? De retour de la mission de reconnaissance, la troupe s’attache à parfaire sa technique au Tarot, probablement pour oublier les conditions rudimentaires d’hébergement.

 


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Réserve de Samburu

 

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Comment ça, les girafes ça compte?

 

 P1040457.JPGL'Ewaso N'Giro


Samedi, aurore et pis-encore (gn, un jour de ma vie contre une grasse mat’ ?). Nous tentons une nouvelle fois d’explorer les lieux (selon la méthode kenyane bien connue du « Game Drive »). A part des dik-dik-qu’on-ramènerait-bien-car-c’est-plus-fun-qu’un-chien, je note peu d’éléments dignes d’être consignés : un éléphant mort, quelques crocos un brin flippants…  Jusqu’au départ, après la boustifaille : on débusque une famille de guépards en plein gueuleton !

 

P1040486.JPGQuika peur du croco?

 

P1040499.JPGC'est pas le moment de sortir de la Jeep...


On the road again, voilà quelques observations prises sur le vif : les habits traditionnels fleurissent sur les autochtones. Les cous des femmes se parent d’innombrables colliers de perles. Les guerriers Samburus se promènent fièrement, torse nu et lance à la main. [Note : Clochette avait raison, ils sont bien plus canons que les Masaïs]. (cher lectorat féminin et gay, désolée de ne pas avoir d’illustration sur le sujet).


Plus loin, la route est toute neuve ; des falaises se dressent, on se croirait en Arizona ! Et puis d’un coup, le bitume s’interrompt, et la piste commence… Le paysage devient de plus en plus désertique. Gaby et Sammy dévoilent leurs Talents de Mécano en trifouillant dans le moteur de la Jeep à l’occasion. Enfin, après des heures de conduite sous le soleil de plomb, on arrive à notre étape suivante : Marsabit ! [Amis des Blagounettes vaseuses, bonjour, les suivantes ont déjà été brevetées : 1/ MordsSaBite (©DikDik) et 2/Marsabit-DeCheval (©Oliv’)]


Marsabit, c’est un îlot de verdure au milieu d’une zone aride. La « ville » n’est pas très grande ; on dépose vite nos bagages dans un hôtel correct, riche d’un générateur (traduction immédiate de nos synapses : youpiii, à nous la douche chaude !).  Espoir déçu : la plomberie est morte, on nous amène des bassines avec de l’eau tout juste tirée du puits. OK, on se lave au broc, à l’ancienne ; mais au moins on a de la lumière… ah non, ça vient de couper ! Peau Rouge a donc eu la joie de se laver à la bougie.

 

P1040541---Copie.JPGMarché aux céréales de Marsabit

 

Vendredi, toujours trop tôt. On se lève dans le brouillard, au sens propre et figuré. Une vraie purée de pois. Direction le parc de Marsabit, un volcan couvert d’une végétation dense de feuillus. C’est très perturbant, cette impression d’être en Europe ! Tout est nimbé de brume. On croise quand même trois zèbres, deux kudus, une hyène.

 

P1040550.JPGOn est toujours au Kenya, sisisi


Enfin, on reprend la route ! A une dizaine de km de Marsabit, on découvre un ouffissime cratère avec plein de vent. Puis on attaque le désert de Chalbi… Et soudain, sous un cagnard du diable, Gaby et Sammy s’arrêtent pour jeter un œil au moteur…

 

P1040551.JPGCratère au Nord de Marsabit

 

P1040603.JPGBa quoi, le moteur?!!!


A suivre (quel suspense ahahah)

 

 


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19 avril 2011 2 19 /04 /avril /2011 18:26

Et une autre petite expédition dans la Rift Valley au pied levé, une !


Il faut dire qu’on a atterri à Crater Lake un peu par hasard, ce samedi là.


Le plan initial, c’était plutôt refaire Suswa (sous le soleil si possible), et puis en fait ZzZZZZ fatigue de la semaine, on a abandonné l’idée dès le jeudi. Dans cette optique « Rechargeons les accus », je me suis royalement octroyé mon premier samedi matin depuis longtemps. Mais forcément,  ce fut la porte ouverte à toutes les fenêtres de festoyades (du vendredi soir).

portes_ouvertes.jpg

Donc point de lever aux aurores, mais rendez-vous fut pris pour un brunch. L’estomac solidement lesté, les participants (très certainement effarés par les conséquences lipotiquement néfastes des calories précédemment absorbées) manifestèrent l’envie de randonner.

 

P1040333.JPGView point sur la vieille route de Naivasha

 

D’où le plan n°2 : l’ascension du mont Longonot. Hop hop hop, ni une ni deux, tout le monde saute dans ses chaussures de rando,  direction le Nord Ouest. Sauf que… arrivés au premier point de vue sur la vallée du Rift, il est bien 14h30, et le Dieu des Maths fait une petite apparition :


« Sachant qu’il faut encore 45 minutes pour atteindre le pied du mont Longonot, que la rando dure 6 heures, et que la nuit tombe à 18h30, quel est votre % de chances de passer la nuit sur le volcan ?  Vous n’avez PAS deux heures pour répondre à la question.»

 

maths.gif

Après concertation, nous avons donc choisi la réponse D : changer notre fusil d’épaules pour…


Le plan n°3 ! Soit le fameux Crater Lake. Ce petit Lac de Cratère  se planque derrière celui de Naivasha, et c’est un zouli coin tout calme. On peut faire le tour du lac, ou bien le tour du cratère. La rando sur les crêtes (2 heures) offre une super vue sur le lac et la vallée du Rift. On y croise plein de girafes, mais heureusement pas de buffles !


P1040344.JPG

Esprit Far West...

 

P1040364

Mais on est bien en Afrique!

 

P1040366

Rencontre sur les sentiers...

 

P1040367Tu m'vois, tu m'vois plus!


Finalement, c’est pas plus mal qu’on n’ait pas joué aux lèves-tôt, la lumière est superbe en fin d’aprèm. A la fin de la balade, cerise sur la gâteau : un petit lodge avec un ponton sur le lac, il y a pire comme endroit pour se faire une bière fraiche ! 

 

P1040371

Le lac et le cratère

 

P1040384

Les girafes du début de la balade, vues de l'autre côté du cratère

 

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Le lac et ses 3 flamants roses égarés

 

P1040399Une petite averse, juste le temps de la bière!


Le retour s’est fait de nuit, respect total aux conducteurs.


Kwaherini !

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20 février 2011 7 20 /02 /février /2011 12:56

Agent Clochette, agent Léatomic, une nouvelle mission vous est affectée. Veuillez prendre connaissance de ce message, qui s’autodétruira après lecture.


Lieu : Mont Suswa

Objectifs : Etablir un poste stratégique de surveillance de la vallée du Rift. Estimer les avantages et inconvénients de la zone désignée.

Matériel à votre disposition : Une Gigapowa-mobile et son chauffeur ; des provisions en quantité suffisante ; une lampe de poche, 8 kiris.

Note : Le stagiaire KeV1 vous accompagnera, vous veillerez à lui prodiguer tous conseils utiles à sa formation.

 


  

Clochette : Raaa, ça tombe mal cette mission ! Avec la soirée de la veille, on va pas être fraiches !

Léatomic : bah, c’est l’occaz de vérifier qu’on est toujours des agents surentrainées, capable d’assurer après un nombre d’heures de sommeil réduit…

Clochette : Fais pas ta maline, à tous les coups tu vas pleurer ta race pour sortir de ta couette (et c’est pas comme si le dimanche était ton seul jour de potentielle grasse mat’, pas vrai ?)

 

 


Compte-rendu :

 

9h : Démarrage de la mission (modulo marge de retard kenyanement acceptée). Nous passons récupérer le stagiaire KeV1. Il n’a pas suivi les instructions laissées par l’agent Clochette (pourtant passée en « mode maman » pour l’occasion), il devra donc compter sur nous pour sa subsistance, ou jeûner.


10h30 : Arrivée à proximité de la zone cible. Voici les informations clés :


-  Prendre la vieille route de Naivasha

- Dans la première ville croisée après la descente dans la vallée du Rift [NdLéatomic : Panorama splendide, bien meilleur que sur la nouvelle route], tourner à gauche.

- Suivre la route, dépasser les grandes antennes satellites.

- Prendre la 2e piste à gauche, au point de coordonnées :  

       S 01°01’50.0’’ ; E 036°26’17.9’’

- A partir de là, suivre la piste (4x4 absolument indispensable). Dans un premier temps, paysage de savane, qui devient progressivement volcanique. Suivre les indications vers la « Mount Suswa Conservancy ». Attention, il est aisé de se perdre, ne pas hésiter à demander son chemin aux masaïs (maitrise du ki-swahili conseillée). Un GPS peut également se montrer très utile. [NdClochette : La Gigapowa-mobile est décidemment une avancée technique majeure au sein de l’Organisation : elle confère un avantage décisif sur les blocs de roche volcanique, les cactus, et les acacias.]  

- ne pas s’attendre à trouver une Main Gate. Suivre la piste. A un croisement quelconque, vous trouverez quelques masaïs assis sous un acacia ; l’un d’eux est le ranger responsable de la réserve, il vous fournira les tickets d’accès.

 

P1030990.JPG


Compte-rendu part 1: The Caves


Notre contact ne nous  laisse pas le choix : nous partons donc d’abord en repérage des grottes volcaniques. [NdLéatomic : Les grottes volcaniques, plus rares, se forment lors de l’éruption de volcans : La lave  contact de l’air se solidifie, tandis qu’à l’intérieur, la lave liquide s’écoule. L’éruption terminée, il reste donc des tunnels formés dans la roche. Les différentes éruptions successives forment plusieurs systèmes superposés].

 

P1040011.JPG

Vu la chaleur qui règne à l’extérieur, on apprécie la fraicheur relative du premier ensemble de cavernes.  Attention, il y a plusieurs niveaux, et parfois des trous dans le sol. Lampes de poches indispensables ! Apres avoir traversé les premières galeries, on se dirige vers un autre ensemble de salles. Dont la fameuse « Assemblée des Babouins » (Baboons Parliament). Les roches y sont plus lisses, soit disant à cause des babouins qui y poseraient leur digne postérieur depuis des lustres[NdLéatomic : je suis sceptique].  Plus on avance, plus une odeur monstrueuse vient nous agresser le nez (les déjections de babouins…). Les trois agents conseillent la technique dite de « condamnation des narines » qui consiste à ne respirer que par la bouche.  [NdClochette : surtout, ne pas rire lorsque le guide vante les « Urine paintings » sur les parois… il est très difficile de rire sans respirer par le nez !].

 

urine-paintings.jpg

Suite du programme, the « Bat colony »… la colonie de chauve-souris ! Alors qu’on progresse toujours parmi les rochers acérés  [NdLéatomic : contrairement aux grottes calcaires, les roches ne sont pas polies par l’eau], soudain, la texture du sol change, devient souple, à mi chemin entre sable et mousse… Et l’odeur devient insoutenable. Soudain, éclair de compréhension : cette matière blanche qui couvre le sol et les roches d’au moins 20 cm d’épaisseur… c’est de la merde de chauve-souris (surtout, ne pas respirer, surtout ne pas respirer).  Il fait de plus en plus chaud, et soudain, un vacarme de bruits aigus : la colonie est juste au dessus de nos têtes. 

Brrrr ca grouille au plafond. C’est drôlement impressionnant. On tente une expérience de l’extrême : on éteint toutes les lampes, et on reste dans l’obscurité la plus totale, à écouter les cris de chauve-souris. [NdLéatomic : Je recommande d’inclure l’expérience dans le programme d’endurcissement des recrues].

 

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Bon, on peut y aller, la, non ? [NdeClochette : je tiens à souligner mon dévouement à l’Organisation, car pour éviter tout choc au matériel photo High tech, j’ai mis les mains dans la merde de chauve-souris. Au fait, il n’était pas question d’une prime ?]


Fiou, enfin dehors. C’est simple, la merde de babouins, ça sent la rose en comparaison. Heureusement, la suite de l’expédition n’inclut aucune autre matière fécale. Juste un passage devant une peinture rupestre (c’est sur que c’est un lion ça ? on dirait plutôt un hippopotame- à l’ envers), et une traversée du « Leopard passage » (euh, pas de risque qu’il soit en train de boulotter du cuissot de gazelle dans un coin, hein ?).


13h30 : pause dej’ bien méritée.


Compte-rendu part 2 : The Crater


Conditions atmosphériques fortement dégradées depuis notre entrée dans le monde souterrain. Top chrono : votre mission si vous l’acceptez, atteindre le cratère avant la pluie… En attendant, on embarque quelques guides masaïs pour la route (car oui, on peut tenir à au moins 7 dans la Gigapowa-mobile). Normalement, il faut 1 heure pour se rapprocher du cratère, plus 3 heures pour en faire le tour à pied. Le souci, c’est que, d’un coup, un orage cataclysmique éclate. Des gouttes d’eau de la taille d’une balle de tennis (j’exagère à peine), qui te trempent à tel point que tu te demandes si tu vas réussir à t’essorer un jour. Dans l’histoire, on est quand même arrivés au bord du cratère, et, coincés à 4 sous la couverture d’un masaï, on écoute ses explications, avant de retourner fissa dans la voiture (tant pis pour le tour du cratère, on tient à notre vie). C’est dommage, parce que le paysage a l’air fantastique, derrière le rideau de pluie. On abandonne là deux masaïs, on doit déposer le 3e plus loin.  Tout autour de nous, le paysage se transforme. Les pistes se changent en rivières, la savane en lac. Impressionnant toute cette eau inattendue (oui, la saison des pluies commence  en mars normalement !).


On croise des installations bizarres, des tuyaux qui fument sous la pluie. Notre masaï – charmant, j’en reviendrai presque sur mon évaluation de la tribu- nous explique qu’ils se servent de la vapeur pour récupérer de l’eau potable, par condensation. A cet endroit, il suffit d’enfoncer un tuyau sur moins de 30 cm pour récupérer des nuages de vapeur d’eau bouillante.

 

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L’averse se termine, mais pas nos galères. On remonte des mini-torrents, on passe à un cheveu de planter la voiture dans la rivière-route… Les moindres ravins, qui paraissaient si secs et innocents à l’aller,  se transforment en obstacles non négligeables. Heureusement, on arrive à ne pas perdre la piste (alors qu’on avait bien tourné une demi-heure dans le labyrinthe des roches et des cactus à l’aller, au soleil). Dernière épreuve : Une vraie rivière à traverser – la même qui m’avait fait dire, « hey, les mecs, ce truc sableux, c’est un lit de rivière, et je dirais même plus, de rivière non-pérenne, ahah « (oui, je suis chiante, parfois). Bref, c’était devenu une VRAIE rivière du genre véner. On a vaguement pensé que ça pouvait nous faire une bonne excuse pour avoir un jour de week-end en rab, et puis on a décidé de tenter la traversée – Gigapowa-mobile a survécu.

 

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Bilan de la mission : Les grottes offrent une opportunité de base secrète d’entrainement de recrues. Pour le site d’observation de la vallée du Rift, les conditions météorologiques ne permettent pas de conclure. Il peut être pertinent de programmer une seconde mission. Note importante : des bandas se situent non loin du cratère, permettant de camper sur le site (renseignements auprès des masaïs). Le stagiaire KeV1, bien que manquant de préparation, a démontré une bonne résistance aux éléments. Nous attendons prochaines instructions,

 

Agents Clochette et Léatomic.

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8 février 2011 2 08 /02 /février /2011 18:01

La semaine dernière :


-         - Léa, désolé de te prévenir à la dernière minute, mais on aurait besoin de toi sur une mission terrain…

-         -  Pas de souci, c’est pour quand ?

-         -  Départ demain matin.

-         -  ça me va.

-         -  Ah, et au fait, c’est dans le parc national de Meru !


Yep, je sais, ça met la barre haut sur l’échelle de la coolitude taffesque (aha, le temps où mes missions terrain se cantonnaient à la campagne dijonnaise sont loin !).


Le Parc National de Meru, c’est un petit joyau caché de l’autre côté du Mont Kenya (au Nord-Est). Il n’est pas trop connu des touristes, car il est un peu à l’écart de tout… Alors les Lodges ont joué la carte grand luxe (500 dollars la nuit)… pas dans notre budget pro, faut pas rêver.

meru.jpg

Pour atteindre Meru, il faut prendre la route au sud du mont Kenya, par Embu. On s’y arrête pour casser la croute, ça me rappelle mes débuts… ça me parait familier maintenant ! On traverse la zone de culture du riz, puis le paysage devient de plus en plus vert  (il pleut beaucoup sur le Mont Kenya). La nuit tombée, on trouve un hôtel très correct dans un village à proximité du parc. La nourriture est bonne (hourra, j’échappe à l’ugali), mais la douche froide (epic fail).


Grosse journée le lendemain, il y a du pain sur la planche ! On récupère un ranger pour nous guider dans le parc  (argh, du coup, on est 6 dans le 4x4, ambiance matatu assurée). Le parc est sauvage, assez vert sur les pentes des Nyambeni Hills, puis plus sec, avec de grands espaces d’herbes rases, coupés par les tranchées vertes qui suivent les cours d’eau. Quelques marais aussi. Pas vraiment le temps de s’arrêter pour photographier les animaux, qui se cachent plutôt à cette heure de la journée (il fait chaaaaaauuuuud), et ne viennent pas trop se balader sur les pistes (vraiment perdues) qu’on emprunte.  On croise quand même des girafes réticulées, des phacos, des gazelles, des waterbucks…

P1030870.JPG

 

girafes.jpg

Girafe Masaï    Girafe Réticulée


La Tana est impressionnante. Elle constitue une des attractions du parc avec ses « Adamson’s Falls ». Le nom vient de Joy et George Adamson, qui vécurent là, avec Elsa la lionne…

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L’aventure n’est pas finie. Comme on s’éloigne dans des coins de plus en plus sauvages (ajouter plein de petits rebonds sympathiques pour parfaire l’ambiance matatu), catastropheuuuu ! Une roue crevée. Evidemment, pas de réseau, mais heureusement, on a une roue de secours. Crever dans la brousse, ça n’a pas de prix. Aller faire pipi dans les buissons en croisant les doigts pour qu’il n’y ait pas de lions dans le coin non plus. Pour tout le reste, il y a le V.I.E. 


Avec toutes ses histoires, on n’a pas eu le temps de faire tout ce qu’on avait prévu (c’est qu’il est grand, ce parc ! et puis ça aurait été ballot qu’on recrève, alors, direction des pistes plus décentes). On n’a pas non plus eu le temps de manger à midi (sens de l’abnégation en haute progression).


Sur la route du retour, encore et toujours des centaines et des centaines d’enfants en uniforme, sortant de l’école. Marée humaine de toutes les couleurs. J’ai l’impression que les gamins sont autonomes vachement plus tôt, ici. Je vois souvent des petiots de 3 ou 4 ans à peine, qui rentrent seuls chez eux. C’est aussi l’heure de la corvée de bois et d’eau du soir. Les nanas ploient sous le poids d’énormes fagots de branches et de bidons remplis d’eau. Ça souligne l’écart qu’il peut y avoir entre un kenyan qui vit  à Nairobi, middle class, qui prend sa voiture avec ses gosses pour aller faire du shopping le week-end, dans ces giga centres commerciaux, et une famille moyenne de la campagne, qui n’a pas d’eau courante, pas d’élec…


On poursuit, en direction de Meru. Un autre hôtel, plus standard, mais pas épargné par les coupures d’électricité (cause this is africa). On hésite à sortir avec le stagiaire [nota bene, youhouuuuuuuu, je ne suis plus tout en bas de l’échelle, un V.I.E vaut bien deux stagiaires et demi, non ?]. Mais a) ne connaissant  pas la ville, c’est ptêtre pas une bonne idée de partir à l’aventure comme ça et b) après la journée, on a l’énergie d’un marathonien paraplégique suite à une course lestée au plomb. On s’est donc plutôt décidés pour l’option  « zou, au lit, bonne nuit les petits ».


 Au programme le lendemain : expédition au Sud du Mont Kenya. On traverse quelques villages bien paumés, jusqu'à atteindre la limite de la forêt. A partir de là, on entame progressivement notre descente jusqu’à la Tana. Tout d’abord, on trouve des cultures de thé. Les fermiers kenyans qui y vivent ont l’air prospère, de jolies maisons, des terres bien entretenues. Puis, plus bas, on passe dans les plantations de café [bordel, mais POURQUOI, alors que le Kenya produit du bon café, les kenyans ne boivent-ils que du Nescafé en poudre dégueu (sa race) ? ça me dépasse]. En tout cas, il y a eu quelques évolutions récentes dans la culture du café : les propriétaires ont tendance à se reconvertir dans le thé, ou bien dans les bananiers et le maïs. Pourquoi, alors que c’était jusque là une culture très rentable ? Tout simplement parce qu’on s’est mis à le cultiver au Vietnam, ce qui a fait chuter les prix, et par voie de conséquence a mis les cultivateurs kenyans sur la paille. All is linked, c’est la théorie du papillon. Plante un nouveau champ a un bout de la planète, et t’as un autre mec qui risque de crever la dalle à l’autre bout. Oui, parce qu’il y a quelques veinards qui sont passés au thé, mais ceux qui ont décidé de replanter des bananes et du maïs ne s’en sortent pas aussi bien. Comme on peut d’ailleurs le constater lors de notre descente : champs de bananes, puis de mais, les paysages s’assèchent progressivement, et les gens s’appauvrissent à  vue d’œil. Le bas de l’échelle étant les gardiens de troupeaux dans les pâtures en basse altitude.


A part ces joyeuses considérations sur la mondialisation et ses effets, on apprécie le paysage. D’abord très vert, plein de rivières :

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Puis vaste, sec, avec quelques reliefs :

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On finit, après pas mal de galères à base de paumage dans des bleds très perdus au bout de pistes, à atteindre notre objectif: Grand Falls. A cet endroit, la Tana change brutalement de direction, bifurque à 90 degrés vers l’est, et forme des rapides bouillonnants. Impressionnant. Et la sensation d’assister à un spectacle privilégié, parce qu’il faut vraiment le vouloir pour arriver jusqu'à ce coin éloigné de tout !


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Après ça, rien de très notable au niveau du retour de Nairo, si ce n’est une chaleur effroyable – ah, et aussi, on a ENCORE sauté le repas de midi (je devrais partir plus souvent en mission terrain, ça augmenterait mes chances de devenir une bombasse) (ah quoique, non, je crois que j’ai fait un sort à notre dernier morceau de comté à mon retour à l’appart - jusqu'à ce que ma coloc, n’écoutant que son courage et au risque de se faire bouffer les doigts par une cro-magnonne affamée, me le confisque)(vengeance, je lui ferai le même coup sur le Nutella la prochaine fois).  


L’idée, c’est donc qu’il faisait sur-chaud  (les gens se baladent dans la rue avec des parapluies pour se protéger du soleil, tout un concept). Malgré mon athéisme convaincu, j’ai donc crié Alléluia quand on est parvenu au premier bled qui avait un frigo avec des bouteilles de coca fraiches dedans. Et quand il a enfin commencé à faire moins chaud, on a atteint l’enfer sur Terre, j’ai nommé … Thika Road. C’est une des grosses voies d’accès à Nairobi, que les chinois essaient actuellement de transformer en 4 voies décente, mais en attendant c’est juste un bordel innommable. (et oui, ils vendent toujours des lits au milieu de la route là-bas) (mais la rue de référence sur le sujet  reste quand même Ngong Road) (Décidemment, je vais trouver la France vachement trop rangée en rentrant).


Hum, au vu de l’invasion anarchique de parenthèses filées dans les deux derniers paragraphes, je me vois dans l’obligation de clôturer là cet article, sous peine de provoquer une rupture d’anévrisme chez les lecteurs qui auraient par miracle survécu jusque là.


 Ze reviens bientôt, soyez sages en attendant, faites gaffe aux plaques de verglas pour les heureux (ahah) métropoliens, et hasta la vista !   

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1 février 2011 2 01 /02 /février /2011 18:43

Je laisse de côté mes maigres tentatives de décrire la culture kenyane, pour en revenir à mes chroniques « moi, ma vie, by myself ». J’entends déjà les mauvaises langues : « mais en fait, c’est quand tu fais rien de tes week-ends que tu nous ponds des articles à la mord-moi-le-nœud sur les kenyans ».


Il y a peut-être un chouia de ca… Mais franchement, je ne vais pas venir raconter mes week-ends à Nairobi (sortie le samedi soir- grasse mat le dimanche-saut dans la piscine si motivation extrême). Déjà, ça vous ferait du mal. Et puis c’est répétitif et d’un intérêt limite. Sans compter que ma découverte du Kenya ne se limite pas à mes vadrouilles dans de zoulis zendroits. J’ai bien le droit de tenter, à mes risques et périls, de transmettre ces milles petites impressions vagues, ces éclairs passagers de compréhension,  ce mélange de fascination et d’inquiétude qui accompagne l’immersion dans une nouvelle culture.


Cela étant dit, voici le récit  de mon expédition à Magadi !


Magadi, c’est une ville petite bourgade, située tout au sud de la vallée du Rift, et c’est surtout un lac salé. C’est un coin boudé par les touristes, mais du coup, on y a la paix. La route pour y aller est magnifique, assez sauvage, et pour une fois, sans trop de nids de poules (heureusement pour nous, vu qu’on avait des voitures de ville). On descend dans le Rift, l’air se réchauffe. Et d’un coup : une grande étendue blanche : une croute de sel qui réverbère la lumière et éblouit les yeux. Curieux, on y pose les orteils : très mauvaise idée, la couche est fine, et dessous l’eau est approximativement à 50 degrés (dixit mes orteils, qui m’en veulent encore à l’heure actuelle). Une grande usine de traitement du sel crache des nuages de fumée blanche.

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Le temps de grignoter  un bout dans une gargote kenyane, et on s’aventure au bord du lac. Les gens de Magadi doivent sûrement se dire « quels tarés ces wazungus, aller marcher au bord du lac à l’heure la plus chaude ». Eux s’en gardent bien, c’est le moment de faire la sieste dans la moindre flaque d’ombre. Ou bien d’aller chanter et danser à l’Eglise, vu qu’on est dimanche, et que c’est probablement la principale attraction de la semaine ici !


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C’est beau tout ce blanc. On déchante quand on constate que l’eau est carrément saturée de fioul : ba oui, on a eu la bonne idée de partir en aval de l’usine. C’était bien la peine de mettre un panneau « Please keep Magadi clean » à l’entrée…  En attendant, on commence à mourir de chaud ; il doit bien faire 40 degrés. Comment ils font les gens pour vivre dans cette fournaise ? (ah oui, j’oubliais, la sieste à l’ombre).


On s’aventure du côté de l’usine. C’est impressionnant. Des ouvriers bossent en plein soleil.

Puis on décide de s’aventurer  au sud du lac, en direction des sources chaudes. On traverse plusieurs langues de lac asséchées. C’est le territoire des flamants roses ! Belles couleurs : le blanc du sel, le bleu du lac et du ciel, le rose des flamants…


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 Mais d’un coup catastropheuuuuuuuu ! On s’embourbe sur la piste. En s’y mettant à plusieurs pour pousser, on arrive à ramener la voiture en terrain ferme. Du coup l’expédition se sépare à regret : ceux qui peuvent continuer jusqu'aux sources, et ceux qui reprennent le chemin de Nairobi. Pas plus mal au final, car même en renonçant aux sources, le retour sur Nairobi était tardif (et conduire de nuit au Kenya, c’est la mort…parfois au sens propre).


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Ma conclusion sur Magadi : c’est bien d’y aller une fois, pour voir, parce que ça ne ressemble à rien de ce que j’avais vu jusque là. Mais il fait CHAUD. Et y aller juste à la journée n’a pas un intérêt phénoménal. Vu qu’il y a des pistes vraiment cool –parait-il- à faire au départ de Magadi vers le lac Natron, je pense que ça vaut plus le coup d’y aller sur 2-3 jours, avec un 4x4, et camper.


Pour finir, la réponse à une question qui vous démange surement  depuis le début de l’article (en tout cas, moi, j’etais curieuse) : mais pourquoi il est salé ce lac, au fait ?

Je crois que c’est à cause d’un volcan dans le coin, qui a dégagé pas mal de laves, chargées notamment en sodium et en chlorures. Quoiqu’il en soit, les eaux qui ruissellent sur les reliefs et finissent dans le lac sont chargées en sel dissous.  Or c’est un lac [attention, attention, gros mot scientifique, détendez les neurones] endoréique (ça veut dire qu’il n’a pas d’exutoire, donc toute l’eau qui y entre n’en sort que par évaporation). Le sel s’y accumule donc au cours des années. Et voilà pour quoi ce lac est salé.

 

Et sinon, il y aura un océan à cet endroit, d’ici quelques millions d’années… Le phénomène de Rift c’est un peu la grossesse des  mers (bon, mais avec 10mm d’écartement par an, l’accouchement prend du temps) !

Hasta la vista amigos !

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27 janvier 2011 4 27 /01 /janvier /2011 00:00

Avant de vous parler des Luos et des Luyas, je tiens à vous présenter, à titre posthume (il est mort en octobre), un sacré bonhomme kenyan, dont la renommée a même dépassé les frontières.

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Il s’agit d’Acentus Akuku, un kenyan surnommé « Danger », parce que son sex-appeal faisait même peur aux hommes ! Durant sa longue vie (94 ans), il a épousé 130 femmes, dont il a eu 300 enfants (grosso modo). Bon, et il a divorcé de 85 d’entre elles, parce qu’elles avaient été infidèles ( !) (en même temps, je peux comprendre qu’elles aient été voir ailleurs, parce que ca leur fait une moyenne de 3 jours par an chacune…). Je crois que la petite dernière avait 73 ans de différence d’âge avec lui. Pour les anniversaires des enfants aussi, ça devait être funky (et bon courage pour se rappeler des prénoms). Allez, une petite citation du monsieur pour la route : «  J’ai toujours été beau garçon, su m’habiller et parler aux femmes. Je suis magnétique ». On veut bien le croire…

 

Voila qui m’amène à parler de polygamie. Elle ne se pratique plus beaucoup de nos jours. Déjà, à cause de la religion (même si c’est toléré par l’Eglise). Et puis, ça coute cher d’épouser et d’entretenir plusieurs femmes (la polygamie est très étrangement une prérogative masculine…). Quand un kenyan demande une kenyane en mariage, il doit payer une sorte de dot, le plus souvent en nombre de vaches. (oui, ma coloc’ a déjà eu une demande en mariage à hauteur de 8 vaches) (moi non, j’ai juste eu une proposition de mise à mon service comme garde du corps, je comprends pas). Enfin, maintenant, les jeunes savent vivre avec leur temps, tu peux payer partie ou totalité en cash (toujours d’après Kosi). Malgré tout, il y a quand même des restes de polygamie, surtout à la campagne. Dans certaines tribus, tu peux encore « hériter » de la femme de ton frère si celui si vient à mourir.

Une autre tradition étrange est venue à mes oreilles (la droite bien sûr- spéciale cassedédi Djuju).C’est toujours une histoire de couple. Si, par malheur, un mariage vient à être stérile, c’est par principe la faute de la nana (alors répudiable à loisir). Et bien, il y a encore quelques années, pour pallier à cette stérilité (réelle ou non) de l’épouse ou de la -fraichement- divorcée, une femme était autorisée à en épouser une autre. [Dans un pays dans lequel l’homosexualité est un délit, étonnant de retrouver dans de vieilles traditions une union entre gens de même sexe !] La femme stérile était alors « l’époux », et pouvait utiliser le ventre fécond de sa nouvelle femme pour avoir des enfants qui lui appartiennent. Avec droit de choix/de regard sur le père desdits enfants [j’imagine bien la scène… alors ma poulette, tu vas aller pécho Untel, parce que je veux des enfants grands et chevelus, hein… allez, au boulot !]…

Mariage entre femmes et mère porteuse, les sociétés traditionnelles regorgent de surprises !

 

J’en reviens à mes tribus.

 

J’en étais aux Luos :

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Les Luos donc, 13% de la population, sont originaires de l’Ouest du Kenya. Comme ils vivent près du lac Victoria, ils vivent beaucoup de la pêche (les perches du Nil notamment) (pas très loin de la région du « Cauchemar de Darwin »). Ils ont souvent des prénoms en « o » (comme Oloo).   J’en croise tous les jours, vu qu’une grande partie des kenyans avec qui je travaille sont Luos. Et, parait-il, ils sont assez égalitaires au sein du couple, le partage des tâches, c’est acquis. Mais ils sont encore un peu polygames, je crois. D’ailleurs, Akuku Danger était Luo. Ils sont particulièrement bons musiciens, à ce qu’il parait.

 

Et enfin, on va boucler sur les Luhyas.

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Ils représentent 14% de la population au Kenya. Probablement originaires d’Egypte, ils vivent dans l’Ouest. Ils sont agriculteurs, et cultivent en particulier la canne à sucre. (oui, le Kenya produit du sucre… et sinon, le péché mignon des kenyans, c’est de mâcher des morceaux de canne à sucre frais). Ils ont beaucoup perdus leurs terres pendant l’ère coloniale, et se sont battus au côté des Kikuyus lors de la rébellion. Le clan est important pour eux, et là aussi, il faut payer les dots en bétail pour pouvoir épouser les femmes. Et sinon, ils ont une tradition qui semble familière au vu de nos voisins ibériques : Ils sont friands de combats de taureaux.

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Il y a tellement d’autres tribus qui vaudraient qu’on en parle : les Samburus (élus plus beaux guerriers par ma coloc), les Elmolos et les Turkanas, qui survivent comme ils peuvent dans les régions désertiques au Nord et du côté du lac Turkana (souvent sous perfusion d’aide alimentaire), les Merus du Mont Kenya, les Kissi….

Et enfin le reste : 1% d’européens, d’asiatiques, de kenyans d’origine indienne : les wazungu, nous, les éléments rapportés. Je me sens un peu terne, des fois, en comparaison de toutes ces cultures du pays. Et en même temps, pour eux, c’est nous qui sommes exotiques (« quoi, vous n’êtes que deux enfants dans ta famille ? c’est tout petit, c’est triste ! » ; « plus vous avez d’enfants et plus l’Etat vous donne de l’argent ? je te crois pas… », « il fait 0 degrés chez toi en ce moment ? Parfois j’aimerais voir la neige, il fait si chaud ici… » )

 

Des bisous, bientôt la suite de mes aventures… [et ça y est, j’ai mes billets pour Zanzibar, youhouuuu !]

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22 janvier 2011 6 22 /01 /janvier /2011 15:00

Les tribus, c’est vraiment une réalité au Kenya, culturelle, politique. J’en ai déjà parlé ici ou là, mais le sujet mérite qu’on s’y penche de plus près.

 

Une tribu, kezako ? Tu as probablement le mot Masai qui te vient à l’esprit. Tu imagines des gens à moitie nus, un vieux sage, des rituels sacrés et secrets, des couleurs chamarrées. Il y a un (tout petit) peu de ça. Mais la tribu, c’est bien plus qu’une tradition confinée aux campagnes.

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Les peuples qui vivent ici depuis des centaines/milliers d’années n’avaient rien demandé quand les anglais sont venus tracer des frontières à grand coups de règle, et qu’ils ont dit : voilà, maintenant vous êtes les kenyans. C’est un peu pour ça que c’est un joyeux bordel.

 

Alors je t’explique un petit peu comment ça marche (attention, je ne me présente pas comme experte absolue sur le sujet).

 

Les tribus sont donc reparties géographiquement dans le pays (en gros, imagine la différence entre un breton, un marseillais et un parisien, mais poussée à l’extrême).  Cependant, on peut très bien être Luo et être né à Nairobi, si on a des parents Luos. Chaque tribu a une langue propre ; ce qui fait que la majorité des kenyans parlent 1/ leur langue maternelle 2/ le ki-swahili et 3/ l’anglais, qui sont les deux langues officielles (oui, les français on est tout pourri, à côté).

 

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Souvent, on peut deviner la tribu d’une personne à son accent, à sa façon de s’habiller, ou à certains caractères physiques. Les masaïs –on va commencer par eux, tiens, vu que c’est surement les seuls que vous auriez pu citer-  les masaïs sont bien reconnaissables. Donc :

 

Les Masaïs

 

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On peut les reconnaitre assez facilement : même à Nairobi, ils portent leurs vêtements traditionnels, très colores, et s’enveloppent dans de grandes couvertures rouges et bleues. Par exemple, le « concierge » de mon bureau est Masai ; pendant la journée, il sort son costume type saharienne et képi, et le soir quand je pars, il remet sa couverture drapée en toge, ses sandales et me gratifie d’un « bye, sweetie ! ». Ah, et désolée de vous décevoir, mais les guerriers masaïs ne sont pas les plus beaux, à mon humble avis.

A la base, les Masais viennent du Soudan ; puis ils ont émigré au Kenya, et vivent actuellement le long de la frontière avec la Tanzanie. Même de nos jours, ils sont encore assez nomades. Ils ont un mode de vie essentiellement basé sur le bétail : leur richesse, c’est leur troupeau, et de temps en temps, ils s’autoris(ai)ent un petit raid sur ceux des voisins… L’alimentation de base des masaïs, c’est le lait, le sang chaud, prélevé directement sur leurs vaches, et la viande, évidemment. Ils vivent dans des manyattas, cercles de huttes en bois et en bouse. Et dans les parcs, ils ont tout compris et se servent de la manne « touristes » pour rapporter un peu d’argent à la communauté (bon, et ils planquent leurs portables, parce que ça fait pas assorti à leurs chaussures, tout ça…). Sinon, ils dansent en sautant très haut, et ils se font des scarifications sur le visage.

 

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Les Kikuyus

 

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Les Kikuyus sont les plus nombreux : 22% de la population. Ils sont plutôt présents dans le centre du pays, vers le Mont Kenya, et dans les grandes villes. C’est un peuple d’origine bantoue, donc plutôt d’Afrique de l’Ouest, si je ne m’abuse. Beaucoup de Kikuyus sont dans l’agriculture, notamment du café et du thé. Et ils sont souvent doués en affaires aussi. Si on te traite de Kikuyu, c’est pour te dire que tu aimes bien l’argent/que tu es riche/voire un peu snob (parole de Kalendjin). Les Kikuyus ont mené la révolte Mau-Mau qui a entrainé l’indépendance du pays en 63 ; et l’actuel président, Mwai Kibaki, est Kikuyu (subtil lien entre politique et tribus, mais j’y reviendrai). Ah et notre prof de danse est kikuyu, aussi.

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NB: C'est Kibaki, bien sûr! Et au dessus, la plantation de thé est ©Yann Arthus Bertrand, c'est du côté de Kericho, Kenya côté Ouest.

 


 

Les Kalenjins

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Je reviens sur les Kalenjins… que j’ai déjà évoqués, par le biais de notre super voisine Kosi. Les Kalenjins viennent du Nord-Est du pays, dans la vallée du rift et côté lac Victoria. Les grands marathoniens kenyans (parmi les meilleurs du monde), ce sont eux ! [à force de courir devant les lions ?]

D’après Kosi, les hommes Kalenjin ne sont pas les meilleurs hommes à marier, vu que pour eux, c’est la nana qui est censée avoir le gène cuisine-nettoyage. Et elle a intérêt à rester à la maison, (sauf pour faire les courses, évidemment, genre pourquoi un mec se fatiguerait à aller au marché ou à Nakumatt, hein ?) [apparemment, c’est les Luos qui faut chopper].

 

 

C’est tout pour cet épisode, la suite bientot (ne t’inquiète pas, je ne vais pas décrire les 43 tribus par le menu). Mais au moins de celles que je connais un peu, des gens avec qui je bosse… des traditions un peu étranges, de ce kenyan qui a eu 300 enfants,  des mariages de femmes…

 

Siku Njema!

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