Partir un jour...

Il parait qu’il y a 3 phases par lesquelles passe tout expatrié.

D’abord, il y a la phase dite « Lune de miel » :

C’est l’époque de la découverte. Tout  est nouveau, tout est exotique, on est trop in love. Les gens sont accueillants. On visite le pays, on est encore un peu dans une position de touriste. Et être touriste au Kenya, c’est juste le pied. Un pti lion par ci, un cocotier par là, trois ptis tours et puis s’en va. Mais bon, l’idée, c’est justement qu’on s’en va pas.

Et  on passe à l’étape « Choc culturel » :

Ah ben oui, en fait on est quand même vachement différents. Ya des endroits où c’est moche, ça pue. Le bidonville de Kibera, c’est  la préhistoire, pas d’élec, pas d’évacuation des eaux usées… Tout ça pas si loin des quartiers plus huppés tels Hurlingham, et Westlands. Les kenyans sont sympas, mais il faut dire que la différence de salaire ne facilite pas des rapports sains. Comme ce chauffeur de taxi avec lequel on avait sympathisé lors d’une baroude dans le pays, qui nous envoie un mail « j’ai eu un accident grave, vous pouvez m’envoyer 400 dollars? » (C’est ça, et mon cul, c’est du poulet ? mon œil).

Et enfin, la phase en « ion » (à ne pas confondre avec le phare à On): acceptation, adaptation, intégration.

Finalement, les bons côtés compensent bien les mauvais, non ? Il ne fait jamais moins de 20 degrés, c’est impossible de se lasser du pays tellement les paysages sont variés et font rêver, le boulot est intéressant, la vie pas chère, les conditions d’hébergement au poil, les expats et les VI, c’est un peu une grande famille, et les kenyans ont vraiment le sens du contact et de la fête. Ok, on ne se fondra jamais complètement dans le décor, rapport à notre teint de blanche-neige albinos qui aurait participé à une dernière télé réalité en vogue « toi aussi, passe 2 mois enfermé sous terre dans une mine ».  Mais on peut finir par trouver sa ptite place au soleil.

Et moi dans tout ça ? Je fais un peu des allers-retours entre ces différents états d’esprit. Il suffit que je reparte sur les routes, pour le boulot ou les week-ends, pour avoir des étoiles dans les yeux. Des fois je déchante un peu, à cause de cette sensation étrange d’être sur le point de résoudre un mystère, mais la solution s’échappe toujours au dernier moment. Un peu comme quand on a un mot sur le bout de la langue, mais impossible de le retrouver. Il y a des côtés de l’Afrique qui restent hors de portée de notre compréhension. Et puis il y a des fois où je me sens en terrain familier, et je vais juste m’éclater à danser dans une boite kenyane, et c’est tellement bien comme personne ne se prend la tête ici. Tout le monde me dit « mais toi, tu vas rester au Kenya, tu verras ».

Hum, les gars, ne rêvez pas. C’est une expérience géniale, qui me permet de réaliser un peu mes fantasmes de voyage au bout du monde (hey, mec, chui trop une aventurière, t’as vu), et mon envie de mettre un peu de sens dans mon boulot (yeah, man, j’aide au développement en Afrique, chui  une vraie bab- enfin la dessus aussi on perd des illusions). Mais je compte bien rentrer au pays dans quelques mois. Ce n’est pas tous les jours évident d’être aussi loin de sa famille, de ses amis, et du confort de métropole. Imagine, je ne peux pas mettre mes talons aiguilles ici, c’est trop la mort *** ! Je veux aller au ciné voir un petit film français bien chiant, je veux voir les gens râler les jours de grève, je veux aller en centre-ville  sans avoir l’impression que tout le monde me regarde, je veux entendre un accordéon, je veux pouvoir mettre mon manteau d’hiver rouge, je veux aller voir les derniers concerts qui font le buzz, je veux faire des câlins à mes copains !

Mwahahha, tout ça me manque un peu, mais 1) j’arrive tres bientôt, car j’ai quelques très bonnes raisons de passer en France fin novembre et 2) je suis loin d’avoir fini de profiter du Kenya ! Il faut que je fasse le Masai Mara, que j’aille voir les Kalendjin à Baringo, que je descende le mont Kenya à vélo, que j’aille me faire un teint café au lait à Zanzibar !

A bientôt (pour de vrai and IRL –in real life), see you soon, tutaonana!

***[NB : le premier degré tue des chatons]